Toujours dans une démarche de création artistique autour du protocole, je voulais travailler sur la notion de temps.
Voyant mon trentième anniversaire arriver à grand pas, le temps défiler et mon temps de vie rétrécir, j’ai paniqué. Durant cette première peur de la vieillesse, des questions me sont venues. Qu’est ce que j’ai fait de ces 30 années? Quel bilan je peux en faire? En suis-je satisfait? Oui. En suis-je comblé ? Non. Pourquoi ? J’ai le sentiment d’avoir gâché beaucoup de temps à croire aux promesses des adultes, à croire à un système que tout le monde critique à l'oral mais que tout le monde défend dans ses actes. Moi le premier d’ailleurs. Cette hypocrisie me dérange.
Notre mémoire fonctionne en grande partie avec nos émotions et donc ce que notre cerveau décide ou non de garder. La mémoire n’est pas une solution viable pour faire une analyse correcte. Soit je suis trop dure avec moi même soit au contraire je me mens en jouant à l’autruche vie à vie de certains problèmes, ou même sur certains passe temps que l’on peut difficilement assumer dans une démarche d’évolution cohérente et positive? Comment être réellement objectif ? Avant de vouloir améliorer quoi que ce soit il faut faire une analyse puis un bilan. Nous devons donc prendre des données objective, régulière sur le long terme. Dans l’objectif d’en tirer les mauvaises habitudes que je souhaite changer et les bonnes que je souhaite garder ou encore apporter de nouvelle manière d’occuper mon temps. Comment procéder? Pour montrer quoi ? Et surtout quand ?
Comment ?
La photographie étant le symbole même d’une capsule temporelle neutre et sans tricherie. Afin d’assurer la neutralité nous devons imposer des règles. N’utiliser aucun filtre, même s’ils pourraient ajouter de l’esthétisme au projet ils enlèveraient la notion de neutralité et de vérité que nous cherchons. Nous avons donc répondu au « comment ».
Quoi ?
Pour cette expérience, j’ai besoin de voir mon quotidien. En opposition à la tendance de notre décennie je ne prendrais pas de selfie car le sujet de l’expérience n’est pas qui je suis mais ce que je fait. Pour ce faire, la photo devra être prise à travers mes yeux. Je prendrais donc en photo ce que je vois et donc ce que je fais, mais aussi où je suis et comment je suis. Nous avons maintenant répondu au « quoi ».
Quand ?
Maintenant la question du temps, j’ai besoin de données quotidiennes. Il est difficile voir impossible pour moi de noter un planning quotidien de ce que je fais, il est donc important de trouver un moment fixe pour prendre la photo, pour figer le temps et donc l’analyser. Après plusieurs réflection 11h m’a semblé être là meilleur heure. Elle se trouve en matinée et donc le début de la journée mais pas trop tôt, il est important de trouver un moment au cœur d’une activité et le matin est l’élan pour la journée entière. La fin de matinée me semblait donc parfaite pour montrer l’ambiance de la journée. Si je n’ai rien commencer à 11h vais je vraiment faire quelque chose après? 11h soit 1h avant le repas du midi de quoi montrer encore une fois une hygiène de vie, serais-je entrain de préparer un repas, débuter ou finir un projet, ou encore m’occuper de quelqu’un? 11h11 Parce que j’aime les nombres miroirs. Nous avons donc répondu au « quand ».
Entre performance et expérience sociale sur ma propre vie je décide de marquer dans le temps cette minute quotidienne. 1 minute dans ma vie de jeune papa au foyer trentenaire et artiste. 1 minute ou j’expose ma vie privée pour mieux la comprendre, pour l’améliorer. Inspiré par les vidéos et performances capsules d’Andy Warhol.
